Exposition « Robert Hansenne photographie le jazz en scène »
Robert Hansenne – Des oiseaux à l’oiseau (et retour)
Qui contesterait le fait que les acteurs principaux du jazz sont les musicos ? Personne bien sûr (à part peut-être quelques nombrilistes persuadés que quoiqu’ils fassent ils sont au centre même de l’univers). Néanmoins, de leur côté, les musiciens savent qu’autour d’eux, toute une faune parajazzique assure avec passion la cohésion de leur univers, le développement de leur carrière, la pérennité de leur œuvre : journalistes, organisateurs, historiens, preneurs de sons, producteurs, cinéastes, collectionneurs… Sans oublier les photographes. Jacques Joris, Jimmy Vanderplas, Jos Knaepen, Philippe Gielen, Jacky Lepage, Vincent de Waleffe, Jean-Paul Hubin, Jean Schoubs, Christian Deblanc, pour n’en citer que quelques-uns travaillèrent à fixer pour la postérité la mémoire visuelle du jazz made in Belgium. Ces dernières années, les fêlés de bleu liégeois ont pris l’habitude de croiser sur leur chemin deux des plus merveilleux capteurs d’images sonores et de sons imagés : Dominique Houcmant (Goldo) et Robert Hansenne. Différents et complémentaires, ces deux-là s’apprécient au point de se photographier mutuellement à la moindre occasion1, c’est vous dire.
Robert Hansenne est à l’honneur à travers cette expo et ce n’est que justice. Né à Ans en 1949, boulanger dans une autre vie, l’homme est habité depuis l’enfance par les objectifs, le cadrage, la lumière. C’est d’abord son amour de la nature qui passera au travers de son objectif : paysages, portraits animaliers, brumes matinales, oiseaux pris au vol… Mais depuis 2009, grâce au pianiste Jean-Marie Troisfontaine, sa route a croisé celle du jazz, de la photo de concert, du portrait bleu : au-delà de la prise de vue, l’homme s’est par la même occasion découvert un amour du jazz, de ses musiciens, de son public, de la vision du monde qu’il véhicule. Quinze années de travail au service des expressions qui en disent long, des grimaces de satisfaction, des positions insolites ou poétiques, des messages musicaux et extra-musicaux, du langage lumineux du noir et blanc. Quinze années, aussi, au service de ces belles personnes dont il est devenu l’ami et le partenaire.
Mais à bien y réfléchir, n’y a-t-il pas un sérieux parallèle entre ces deux passions (les photos de jazz et les photos de nature) ? De l’envol des rapaces à l’envol des solistes, de la quête du brâme du cerf à celle du brâme du sax, de l’élégance des feuilles qui dansent au vent à celle des phrasés qui folâtrent, de l’apparition des nouvelles ramures et des jeunes pousses à celle des jeunes talents… Cohérent tout ça. Ce qui n’a rien d’étonnant de la part d’un homme cohérent. Discret et modeste (trop modeste sans doute) au point d’être mal à l’aise quand un de ses collègues un peu moins discret clique et claque en plein milieu d’un solo intimiste ou d’une mélodie prenante, Robert Hansenne, comme Goldo, on y revient, est devenu avec le temps un boulimique de l’image, allant jusqu’à immortaliser quatre ou cinq concerts par semaine. Tant mieux pour nous et pour lui : le jazz conserve, c’est bien connu !
JPS (Maison du Jazz)
1 À quand une expo des photos de Robert par Goldo et de Goldo par Robert ?
- Du 23/08 au 16/10 à la Brasserie Sauvenière – Place Xavier Neujean 12 – 4000 Liège
- Du 25/08 au 05/10 à l’An Vert – Rue Mathieu Polain 4, 4020 Liège
- Du 25/08 au 16/10 au Jacques Pelzer Jazz Club – Boulevard Ernest Solvay 493 – 4000 Liège